Le Dauphin...La liberté et le Bonheur...
En discutant avec Anne Sophie ce Week End je me suis aperçu qu'elle ne connaissait pas cette histoire véridique que j'avais eu le plaisir d'écrire il y a de celà quelques temps...pour Anne Sophie et pour les jeunes ou les nouveaux au club...la voici de nouveau... popeye
Le Dauphin….La Liberté et le Bonheur
Nous sommes à la fin du mois de mai 1987 à Hossegor, je suis responsable de l’équipe des sauveteurs civils en attendant le renfort de nos collègues MNS CRS. C’est une journée maussade, l’océan est haché par une houle poussée par un léger vent d’ouest, nous avons bien notre baignade ouverte mais pratiquement aucune activité même préventive.
C’est la fin de matinée, lorsque l’on vient nous avertir de la présence d’un dauphin, prisonnier du lac d’Hossegor. Avec le puissant 4X4 rouge je demande à quelques collègues de m’accompagner pour cette mission de sauvetage.
Lorsque nous arrivons sur la plage des « Chênes Liège » nous apercevons le mammifère marin en difficulté, entre deux bancs de sable il n’y a pratiquement plus d’eau… pourtant il suffirait au dauphin de franchir quelques mètres pour retrouver le canal et le chemin de la liberté vers le Gouf de Capbreton.
Parmi les témoins il y a là, le populaire Max, futur conseiller municipal d’Hossegor ; ensemble nous décidons de tenter de rapatrier le mammifère à l’océan. Pourtant nous sommes pessimiste, l’animal semble amorphe et nous le percevons bientôt mourant. Lorsque nous l’approchons avec une grande bâche en plastique nous le découvrons striés par de vilaines balafres, les supputations vont alors bon train. Nous imaginons le scénario suivant : prisonnier d’un filet, le dauphin a été relâché dans le port de Capbreton ; affaiblis, sonné, il est entraîné par le flux montant jusqu’au lac et le voici captif…
Non sans mal et en prenant un maximum de précaution pour ne pas le stresser nous arrivons à le glisser sur la toile plastifiée, puis à le hisser sur le brancard et enfin à placer le chargement dans le véhicule tout terrain.
Mes amis réconfortent notre lointain cousin avec quelques tapes amicales et je roule prudemment en direction de la Plage Sud ; l’œil du dauphin semble nous interroger sur son destin…nous souhaitons lui donner une dernière chance…. pourtant à ce moment nous n’y croyons guère….peut-il deviner cela ?
Nous traversons la plage et le débarquons au plus prés du rivage ; sur la dizaine de témoins et de sauveteurs présent nous sommes avec Max trois ou quatre à braver la fraîcheur de l’océan pour pousser le dauphin vers le large…une, deux, trois vagues et autant d’ondulations, il franchît la barre avec agilité puis revient vers le sable….
Il est malade ou désorienté -pensons nous- et tente de s’échouer pour se laisser mourir…
Comme pour le convaincre nous le reprenons dans nos bras et le repoussons vers le large….3, 4, 5 fois il refait la même manœuvre et chaque fois, l’espoir au coeur, nous le renvoyons en direction du large…
Surprise….a la sixième poussée il part, toujours gracieux et disparaît définitivement.
Soulagé, chacun d’entre nous est resté longtemps perplexe…
Ainsi il n’était pas malade n’y désorienté…et ses demi tours étaient seulement un remerciement pour une liberté retrouvé…
Il aurait donc fallu répondre par quelques caresses signifiant que l’homme parfois est aussi capable du meilleur. Il aurait fallu mais….
Nous vivons au quotidien avec nos préoccupations, sans se rendre compte du bonheur au moment présent ; ce bonheur il est pourtant dans nos bras, nous le touchons et le palpons mais nous n’en prenons conscience que lorsqu’il nous échappe ou tard… souvent trop tard.
Finalement, si nous avons rendu la liberté à notre ami le dauphin, lui, nous a donné… une fameuse leçon de vie.
Jean-Pierre Arbouet
M.N.S. à Hossegor de 1978 à 1990